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ter à la tentation que personnifiait avec tant de charme la jeune Irène.

Gabrielle était de plus en plus convaincue, elle, que son mari avait été infidèle. Elle pensait : « Il est trop empressé à mon égard, il faut qu’il ait quelque chose à se faire pardonner »… Et elle regardait amoureusement Roger, se promettant de prendre sa revanche avec le beau lieutenant dès le lendemain.

Mais on ne peut laisser éternellement dans l’attente deux auditeurs curieux et pressés de savoir comme l’étaient la jeune Mme Trivier et son amant.

Anselme d’ailleurs était arrivé au moment des aveux…

Pour se donner du courage, il déboucha une bouteille de champagne et emplit les trois coupes…

— Cela donne du cœur et des idées, dit-il… J’ai justement quelque chose à vous raconter qui vous intéressera fort tous les deux.

— Je m’en doutais, dit Gaby… Je m’en doutais depuis ce matin qu’il y avait encore des histoires dans l’air !… Déjà au déjeuner, tu n’étais pas dans ton état normal.

Anselme protesta naturellement :

— Comment, je n’étais pas dans mon état normal ? Que veux-tu insinuer ?

— Je n’insinue rien. Mais ton allure m’a paru bizarre… Même pendant que je t’accompagnais à ta banque, tu avais l’air agité, soucieux, préoccupé… Une femme ne se trompe pas à ces symptômes…

— Eh bien ! Non, tu ne te trompais pas. J’étais, en effet, très agité, et il y avait de quoi !… Vous allez en juger tous les deux.

Anselme fit alors le récit de sa journée, racontant comment il avait été avisé par une lettre anonyme de la double trahison de Gabrielle et de Roger…

Il n’omit aucun détail sur son entrevue avec Irène… Ou plutôt si, il jugea préférable de ne pas parler du moment de faiblesse qu’il avait eu et qui avait failli lui faire trahir à la fois sa femme et son ami… Au contraire, il travestit même quelque peu la vérité pour déclarer qu’Irène avait été