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iv


Gérard avait été très désappointé en recevant la lettre de la tante Adèle en réponse à celle qu’il avait adressée à Laure.

Le congé définitif qui lui était signifié le plongea d’abord dans un violent désespoir, puis une grande colère l’envahit en apprenant que Laure s’était tout de suite engagée envers un autre.

C’est une comédienne ! dit-il. Et elle s’est jouée de moi !

Aussi était-il tout disposé à écouter d’une oreille complaisante les sages conseils de sa mère qui lui faisait valoir que, malgré sa richesse, dont il n’avait heureusement pas besoin, Laure était une de ces femmes fatales qui font le malheur des hommes.

— Oublie cette créature qui trompera certainement son mari et ne peut pas devenir une honnête épouse. Il y a tant de jeunes filles convenables qui feraient ton bonheur.

Justement — comme par hasard — Mme d’Herblay avait sous la main une demoiselle Éliane Anjoubert, qui avait toutes les qualités qu’on doit exiger d’une femme honnête et attachée à ses devoirs conjugaux.

Éliane n’avait pas la beauté captivante et mystérieuse de Laure, mais elle était quand même fort jolie et de bonne éducation.

Gérard, d’ailleurs, était prêt à accepter n’importe quelle fiancée.

Il n’avait qu’une idée : oublier la fille cruelle qui l’avait repoussé et s’était moquée de lui. Il accepta donc cette fiancée et laissa sa mère annoncer à tous leurs amis son prochain mariage.

Au fond de lui-même, il eut bien voulu savoir ce que Laure allait penser et il se disait qu’il eût été heureux qu’elle en éprouvât quelque dépit, mais il ne laissa pas percer ce sentiment.