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— Oh ! dit-elle, cette voix, je la reconnais, c’est lui !… Justement il y a une porte qui communique.

Et elle alla vers la porte qu’elle désignait.

— Faites attention ! dit son compagnon, si vous alliez vous tromper ?

— Vous ne me connaissez pas ! Je fais toujours ce que j’ai décidé, quoi qu’il arrive ! Si ce n’est pas lui, je m’excuserai. D’ailleurs, vous avez bien entendu l’une de ces personnes qui l’appelait Albert. C’est son nom.

Comme pour la confirmer dans ses soupçons, de nouveau ils entendirent une voix de femme qui gémissait :

— Albert ! Oh ! Albert !

Tandis que l’autre répondait :

— Quel homme ! On ne dirait pas que tout à l’heure c’était moi qui étais dans ses bras…

Laure avait bondi sur la porte ; le hasard voulut que le verrou ne fut pas mis et elle s’ouvrit sous la poussée de la jeune fille qui s’arrêta devant la scène qui se déroulait à ses yeux.

À ce moment l’inconnu qu’elle avait suivi et qui se tenait auprès d’elle fut frappé de l’attitude de la jeune fille.

Elle ne poussa aucune exclamation, au contraire, elle affecta un air ironique et hautain pour dire :

— Tous mes compliments ! cher monsieur Duchemin ! Il vous faut deux maîtresses à la fois !

Le compagnon de Laure ne put retenir un cri de surprise en reconnaissant lui aussi le fiancé de la jeune fille.

Mais il réprima vite toute manifestation.

Duchemin se retourna :

— Comment, fit-il, vous ici ?

— Comme on se rencontre, n’est-ce pas ? dit Laure. Mais vous y êtes bien, vous !

— Ce n’est pas votre place. Quant à monsieur Noël Veron, qui vous accompagne…

— En tout bien, tout honneur !…

Duchemin rit à son tour :

— Je la connais ! Il vous a domptée sans doute, ainsi que vous le désiriez.

Albert s’avança. Il avait pris son parti de l’aventure et était disposé à prendre toute la responsabilité de la situation.

Il allait prononcer peut-être des paroles irrémédiables, Laure le sentit et s’interposa :

— Monsieur n’a rien à voir dans cette affaire. Je suis libre de mes actions, comme vous des vôtres. Ce sont nos conven-