Page:Edmond Régnier - Histoire de l'abbaye des Écharlis.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
258
38
histoire de l’abbaye des écharlis



la guerre de cent ans — la commende

Lorsque le roi Jean le Bon, en mai 1356, confirme[1] les privilèges de Philippe le Bel et charge le bailli de Sens et tous les officiers de justice de veiller à ce que l’abbaye en jouisse paisiblement, il ne se doute pas que la protection royale sera bientôt inefficace, La même année, il est vaincu à Poitiers et emmené captif en Angleterre, Peu après, les Anglais[2] envahissent le Gâtinais. À leur approche, les religieux s’enfuient à Villeneuve, dans « la Maison-Rouge », cachant ou emportant les objets précieux. À peine sont-ils partis que les ennemis détruisent en partie l’abbaye et ne laissent de la magnifique église que les murs[3].

Consternés par un pareil désastre, les moines demandent encore, avec une confiance beaucoup trop grande, la protection du roi. Ils obtiennent de Jean le Bon, quand, de retour de captivité, il vient à Villeneuve, de nouvelles lettres de sauvegarde[4] dont voici la traduction : « Si le monarque doit ses faveurs et ses grâces à tous ses sujets, il doit les accorder avec une bienveillance et une libéralité particulière à ceux qui célèbrent assidûment le service divin, afin qu’ils soient toujours nos avocats auprès de Dieu. Nos aimés les religieux, abbé et moines de l’Église des Écharlis, diocèse de Sens, ordre de Cîteaux, sont de fondation royale. À ce titre, chef et membres sont sous la garde spéciale de la couronne de France et le bailli de Sens a été spécialement chargé par nos prédécesseurs et par nous, de veiller à leur sécurité. Or, comme le comté de Joigny, où les religieux ont des propriétés, dépend du bailliage de Troyes, ces propriétés se trouvent ainsi de ce dernier ressort et les baillis de Troyes, tant actuel qu’an-

    objet à demi détruit, indéterminé. Sur une attestation de profession du 5 octobre 1745 : main droite emmanchée vêtue, tenant une crosse dont la hampe tient lieu de montant à une échelle. Croissant. Le tout surmontant 3 fleurs de lys. (Voir figure p. 257.) (Archives de la Côte-d’Or, H. II, L. 406.)

  1. Salomon, Histoire de l’abbaye des Écharlis.
  2. Voir la Famille de Dicy. On croit, dans le pays, que des trésors sont encore enfouis sous l’abbaye.
  3. Voir Gallia Christiana.
  4. Arch. Nat., J J, no 415, Trésor des Chartes.