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Page:Edmond Texier - La Grèce et ses insurrections, 1854.djvu/4

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palais, les thermes et les théâtres de Rome. Constantin acheva de piller cet immense musée, pour embellir à peu de frais la capitale qu’il avait improvisée sur les rives du Bosphore, et la Grèce, après avoir perdu sa liberté, perdit ses héros et ses dieux !

III

Dès le règne de Tibère, Sparte n’était plus qu’une ombre ; il en était de même des autres villes jadis florissantes, à part Athènes. Le gouvernement des proconsuls avait dépeuplé pareillement les campagnes, et, quand la Grèce devint le centre du nouvel empire et un des foyers de la religion nouvelle, la foi de Jésus-Christ et les Césars de Byzance se trouvèrent régner sur des déserts. Le Bas-Empire n’était pas fait, avec sa tyrannie mesquine et ses luttes incessantes, pour rendre à cette contrée son antique splendeur. Tour à tour le zèle démolisseur des chrétiens triomphants et les fureurs barbares des iconoclastes s’exercèrent contre ce qui restait des temples et des monuments du polythéisme. Les querelles religieuses armèrent les populations les unes contre les autres ; et de temps à autre des incursions rapides de barbares accourus du dehors vinrent accroître la désolation générale. Pendant que les despotes et les lieutenants des empereurs régissaient Athènes, Livadie, Sparte, Corinthe, réparant tant bien que mal les fortifications avec des marbres arrachés aux antiques édifices, on voyait accourir des bandes de Huns, de Bulgares, d’Awares, venant du Nord, et signalant leur passage par le meurtre et l’incendie. Chacun s’enfuyait dans les villes closes ou dans les lieux écartés ; les envahisseurs pillaient, brûlaient, égor-