Aller au contenu

Page:Eekhoud - La nouvelle Carthage.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
LA NOUVELLE CARTHAGE

de l’orphelin. Les émotions, la fatigue, le plein air lui procurèrent un lourd sommeil visité de rêves où des images contradictoires se mêlèrent dans une sarabande fantastique. Armée d’une baguette de fée, la rieuse Gina conduisait la danse, livrait et arrachait tour à tour le patient aux entreprises d’une vieille sorcière incarnée en Félicité. À l’arrière-plan les fantômes doux et pâles de son père et de Siska, du mort et de l’absente, lui tendaient les bras. Il s’élançait, mais M. Dobouziez le harpait au passage avec un ironique : « Halte-là, galopin ! » Des cloches sonnaient ; Paridael jetait la reine-marguerite, présent de Gina, dans le plateau de l’offrande. La fleur tombait avec un bruit de pièce d’or accompagné du rire guilleret de la petite cousine, et ce bruit mettait en fuite les larves moqueuses, mais aussi les pitoyables visions…

Et telle fut l’initiation de Laurent Paridael à sa nouvelle vie de famille…