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Page:Eekhoud - Les Pittoresques, 1879.djvu/125

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Raymonne

A fiancé sa fille, une blonde mignonne,
À son fils adoptif, Huguet de Carcassonne,
Orphelin recueilli sous son toit à trois ans.

« Ces enfants, élevés ensemble dans sa manse,
Ont appris à s’aimer par douce accoutumance ;
Ils attendent de vous que vous scelliez leurs liens.
Messire, leur souhait, votre femme l’appuie ;
Permettez que pour eux Diane vous ennuie…
Oh ! cédez, Amaury, c’est une œuvre de bien !

— Raymonne, disiez-vous, est charmante et jolie.
En épousant un rustre elle se mésallie.
Il faut qu’à son hymen le seigneur fixe un prix…
Voici… Vous lui direz que, lorsqu’on est gentille,
On doit, ou bien rester éternellement fille,
Ou me céder, à moi, le pas sur les maris…

— Arrêtez-vous, Gisors… Dans le fond de votre âme
Vous conservez toujours pour votre pauvre femme
Un reste du respect qu’un jour vous lui portiez.
Vous n’êtes point mauvais… Cessez de le paraître…
Si vous ne m’aimez plus, votre cœur est le maître :
L’honneur est maître aussi, pourtant vous m’insultiez ! »