La nature sortait de son profond sommeil,
Fraîche, pudique et blonde, à l’appel du soleil.
Les rayons printaniers dispersaient les nuées ;
Les fleuves libéraient leurs ondes obstruées ;
Les frimas, les glaciers, tombaient du haut des monts
En ruisseaux cristallins, en torrents rodomonts.
Un vent tiède attaquait jusqu’au dernier vestige
De l’hiver, ce tyran sénile et sans prestige.
Les forêts et les champs, les jardins, les vergers,
Embaumaient l’air subtil de leurs parfums légers,
Et les pommiers, fournis de sève exubérante,
Jonchaient l’herbe à leurs pieds d’une neige odorante.
C’était au mois de mai.
Les arômes, les bruits,
Les églogues des jours, les idylles des nuits,
Les vapeurs qui sortaient des terres échauffées,
Les soupirs de la feuille et les voix étouffées
De la branche qui pousse et du bourgeon qui naît,
Rumeurs sans nom pourtant et que chacun connaît ;
Cette exhalaison forte ou molle qu’ont les plantes,
Ces désirs généreux et ces roulades lentes,
Ces déclarations des oiseaux aux oiseaux,
Ces nids à chaque pas dans l’herbe, aux bord des eaux ;
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Une Vierge folle