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LES FUSILLÉS DE MALINES

que la plupart des fusils qui les ajustent ne sont pas chargés ou sont hors d’usage, les soldats lèvent la crosse en l’air, demandant à se rendre. On les désarme et on les fait prisonniers, mais, loin de les maltraiter, les paysans, enchantés de ce premier avantage remporté sans effusion de sang, témoignent aux Français des égards presque affectueux. Ces militaires réguliers, les premiers qu’ils rencontrent, leur inspirent un certain respect et plus d’un adolescent dépenaillé, ouvrant de grands yeux, jalouse les éclatants uniformes, tout en se moquant des grandes bottes, des moustaches terribles, des chevelures pendantes de ces soudards. Moitié narquois, moitié déférent, Rik le Schalk s’excuse de devoir les reconduire sous bonne garde dans leurs propres quartiers. En chemin, il baragouine quelques mots de français qu’il leur entend échanger et s’efforce de les initier à la prononciation du flamand. D’ailleurs, il y a moyen de s’entendre avec des soldats ; Rik et les siens n’useraient pas de pareils ménagements à l’égard de sans-culottes et de motionnaires.