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LES FUSILLÉS DE MALINES

heures et demie la grosse cloche du beffroi convoque à la ville de nouveaux contingents de patriotes avec lesquels le Torse mate le vandalisme et s’assure des principaux énergumènes.

Cependant, l’énergique répression des désordres ne rassure pas encore Malines sur les intentions de ses hôtes ruraux et dans leur effroi deux notables, Charles Squedin, maître du bureau des logements, et son compère, Antoine Van Keerbergen, huissier, sont sortis en toute hâte de la ville afin d’avertir la soldatesque française. Mais ils rencontrent, à un kilomètre des remparts, la brigade de Béguinot rejointe et déjà mise au courant par le chasseur à cheval. Le général a suspendu ses opérations contre le camp de Duffel pour aviser au plus pressé et arracher Malines à ses téméraires envahisseurs. La faute commise en laissant ouvertes les portes de la cité, contribuait à sa rage. Les deux messagers entament en bredouillant le chapitre de leurs doléances : « Que n’empêchiez-vous les choses de se gâter à ce point, tas de f… pleutres ! Cœurs de poulets ! Foireux ! »