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LES FUSILLÉS DE MALINES

maladroits encore qu’à la première série et s’y reprirent jusqu’à trois fois, en s’aidant finalement du sabre et des pistolets, pour arrêter le râle et les palpitations tenaces de ces pauvres corps.

On fut quérir, avec le même appareil, les onze qui restaient.

C’étaient les meilleurs, les vrais, les braves des braves, savoir : Willem Tuytgen, Jean Michel Van Rompaey, Henri Schalenberg, Henri Heratens de Bonheyden ; Jean-Baptiste Vervloet et Antoine Van Eylen d’Elewyt ; Gilles Bull de Sennegat, De Golder de Malines et Pierre Bosmans de Keerbergen.

En arrivant sur le sinistre préau, jonché déjà de trente cadavres, ne pouvant les enjamber tant ils étaient rapprochés, forcés de les fouler, de patauger dans leur sang, ces dignes garçons, mus par un même sentiment de piété et de vénération, laissèrent leurs sabots à l’entrée de la place pour ne point trop peser sur ces restes. Ainsi se déchaussent les manouvriers avant de pénétrer dans la grand’chambre de la ferme, orgueil de la bazine.