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Myrtes et Cyprès.

Que par de grands détours je prolongeais encore,
Je la reconduisis avec sa sœur. — J’ignore
Si je vous avais dit que l’autre était sa sœur. —

Quand je me trouvai seul, je me sentis au cœur
Quelque chose d’étrange : il suffoquait d’extase ;
Je chancelais comme ivre ; avec cela sur place
Je n’aurais pu rester. J’avais dans tout le corps
Des frissons inconnus. Je faisais des efforts
Afin de respirer. Je n’aurais su décrire
Ce que je ressentais : c’était comme un délire ;
Je riais aux éclats, puis je pleurais soudain,
Criant son nom, frottant mes yeux avec ma main
Comme pour les ouvrir ; puis, maudissant la vie,
Souhaitais de mourir.
Souhaitais de mourirPerdre toute énergie,
Puis reprendre courage et chanter par moments,
Éprouver à la fois les plus affreux tourments
Et s’y tremper content, jouir de son supplice,
Goûter la volupté dans un navrant calice !