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Myrtes et Cyprès.

Et de ma pauvre âme éperdue
Comprends-tu le juste courroux ?

Combien tu m’apparaissais belle,
Ô muse, mon ange adoré,
Avec l’azur baignant ton aile,
Ton sein pur de gloire enivré,
Un feu chaste dans ta prunelle,
Ton air de jeunesse éternelle,
Et cette voix aux doux accents
Comme les zéphyrs caressants !

Aussi, quand d’une main tremblante
Tu me tendis ta lyre d’or,
Je l’acceptai, ma douce amante,
Et vois… je la possède encor.
Seulement, si mon doigt l’effleure,
Il est rare qu’elle ne pleure,
Et tes accords mélodieux
Sont devenus plaintes amères !