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Myrtes et Cyprès.


Dans ces moments d’ivresse où tu régnais sur elle,
Si le destin fatal m’avait su prévenir,
La blessure, plus prompte, eût été moins cruelle,
Et j’aurais pu chercher l’oubli dans l’avenir.

Mais tu partis un jour, sans te douter du vide
Que laissait en mon cœur ton abandon mortel.
Oh ! si tu l’avais su, devant ma lèvre avide
Tu n’aurais point brisé cette coupe de miel !

Aujourd’hui tout est fait. C’est le passé. Qu’importe
À ta fraîche beauté, qu’un autre effeuillera,
Le regret obstiné sur le seuil de la porte
Où ton pied inconstant jamais plus n’entrera ?

Charmante illusion, rayon divin, mirage,
Vous, songes vaporeux du jour et de la nuit
Fleur qu’un souffle a fanée, éphémère nuage,
Pourquoi nous quittez-vous lorsque l’amour s’enfuit ?