Page:Eekhoud - Teniers, 1926.djvu/47

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tournent à la plus exaspérée des cordaces. Ces danseurs sont autant de faunes et de satyres, déguisés en humbles cultivateurs du Brabant !

On oppose souvent au jugement cavalier de Louis XIV sur les tableaux de Teniers, cette parole enthousiaste de Diderot : « Je donnerais dix Watteau pour un Teniers ». Tout en accordant plus de compétence artistique à l’Encyclopédiste qu’au Potentat, avouons néanmoins que l’auteur du Neveu de Rameau exagérait lui aussi et que le peintre du Gilles et de l’Embarquement pour Cythère égale, s’il ne surpasse, notre Teniers.

Parmi les très rares critiques qui apprécièrent celui-ci avec équité et clairvoyance, nous rangerons Max Rooses. Il écrivit notamment dans l’Art flamand et hollandais, du 15 mars 1911, à propos d’une importante exposition des maîtres flamands du XVIIe siècle :

« Teniers était un peintre de tout premier ordre. En se jouant il rendait avec dextérité et solidité ce qu’il voulait. Toujours vif, gai d’aspect, friand de ton, la main sûre, trouvant de la joie à enregistrer, à fixer ce que son pays, son peuple et avant tout ses