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Page:Egger - L’Hellénisme en France, II, 1869.djvu/306

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L’HELLÉNISME EN FRANCE. — 29e LEÇON.

et l’auteur essaie vainement de s’en défendre (1). Deux des amis d’Anacharsis ressemblent par des traits reconnaissables aux deux protecteurs de Barthélémy, le duc et la duchesse de Choiseul. Laissons de côté les personnages et le faux coloris qui les rapproche trop évidemment du dix-huitième siècle (2) ; il est presque impossible que sur le fond même des choses, malgré ses immenses lectures, malgré son long et profitable séjour en Italie et ses observations dans les musées, Barthélémy ne laisse percer bien des fois le peintre et le philosophe moderne sous l’antiquaire consciencieux. Ici ce sont les idées de Marmontel qui se glissent sous sa plume dans une analyse de la Poétique d’Aristote (chap. lxxi) ; là, ce qu’il dit de l’astronomie grecque semble une réminiscence de Fontenelle (chap. xxx). Ses jugements sur les institutions de Sparte rappellent trop souvent les paradoxes de Bousscau et ceux de l’abbé Mably. Le critique qui chez lui exprime des objections,

(1) Troisième mémoire : « Il n’entrait pas dans mon plan d’envoyer un voyageur chez les Grecs pour leur porter mes pensées, mais pour m’apporter les leurs, autant qu’il lui serait possible. » Au reste, il parle ensuite des fautes qui ont pu lui échapper avec une modestie bien faite pour désarmer la critique. C’est lui encore qui écrivait, dans une lettre du l"" janvier 1755 : « Les erreurs de ceux qui m’ont précédé me font trembler Quand on aime l’exactitude, on ne trouve presque rien à dire. »

(2) C’est ce qu’a fait d’ailleurs bien voir M. Villemain, dans une belle leçon (la 4* de la troisième partie) de son cours sur la Littérature du dix-huitième siècle. M. Patin, dans ses Études sur les Tragiques grecs^ a eu aussi bien des occasions d’apprécier les jugements de Barthélémy sur ce sujet.