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Peu après, Go-Daïgo, auquel Moriyoshi, son fils, devenu bonze, assure l’appui du clergé bouddhiste, jette résolûment le gant au Shoukkenn Takatoki. Pour soutenir la lutte, il se retranche dans la place de Kasagni, fortifiée par ses soins, et appelle la nation à son aide. Mais, hélas ! il a trop compté sur sa force et sur le zèle des opprimés. L’Empereur vit sa faible armée détruite, au milieu des débris de la ville incendiée, et lui-même fut banni dans une province lointaine.

Cependant son cri d’alarme n’était pas resté sans écho. Des dévouements encore isolés s’agitaient de toutes parts, en vue de rendre la liberté au Mikado voué à la mort politique. A peine a-t-il pris le chemin de l’exil qu’un fils du prince de Bingo, le jeune Kojima Takanori, tant célébré depuis par les légendes japonaises, se lance sur les traces du lugubre cortège et s’introduit, à la faveur d’un déguisement, dans l’hôtellerie où l’ex-Empereur devait passer la nuit. Il tient à faire naître dans le cœur de son souverain l’espoir d’une prochaine délivrance et recourt dans ce but à un moyen aussi touchant qu’habile. Dès le lendemain, en effet, les soldats illettrés priaient leur royal prisonnier de déchiffrer une inscription fraîchement tracée sur le tronc d’un cerisier. C’était Kojima, qui, faute d’un meilleur expédient, l’avisait, par une fine allusion au sort analogue d’un ancien roi de Chine arraché à l’exil par ses partisans, que lui aussi reverrait bientôt sa capitale.

Ne dirait-on pas le poétique épisode de Richard