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Aux palpitations dont les cœurs sont victimes
Lorsque monte la mer des passions intimes.
La langue de Hoffmann et d’Uhland le rêveur,
A dans ces quelques mots une étrange saveur ;
On ne peut les traduire, et leur fleur vierge et pâle
Déflorerait, hélas ! ses corolles d’opale
Au vase étroit et sec de la traduction.
11 en est surtout un. Vague aspiration
De l’âme vers les cieux ; espérance indicible,
Désir indéfini d’un bonheur impossible,
Ce mot réunit tout. C’est le chant que Mignon
Module sur sa harpe à son blond compagnon ;
C’est ce chant éternel qu’exhalent les cœurs vierges
Quand l’espoir de leur vie émaille encor les berges.
Ce sont ces pleurs de l’âme, étranges et secrets,
Que l’on verse en allant, près des vieilles forêts ,
Ecouter, vers le soir, au bord des champs d’avoines,
Pleurer dans les taillis la chanson des pivoines,
Et ce mot c’est Sehnsucht, et ce que sont mes vers,
Par les Alpes bercés sous les grands sapins verts.