Page:Eggis - Voyages aux pays du cœur, 1853.djvu/183

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Les cèdres des Libans et les rois des humains
Se courbent en tremblant sous mon pied invincible ;
J’ai bravé tous les cieux, foulé tous les chemins,
Mon orteil n’a pas vu de mont inaccessible.

Les rumeurs des cités et la houle des mers
Dans leurs lits orageux pleurent lorsque je passe,
Un sanglot convulsif tord les gouffres amers,
Et l’ouragan dompté s’aplatit dans l’espace.

Quand la mort veut briser le granit de mes jours,
Elle ébrèche sa faux à mes reins immobiles ;
Vagabond éternel, je chemine toujours,
En chassant devant moi les empires débiles ;

Mon pied heurte en passant des générations
Les cadavres épars dans les sables des âges ;
Les tigres affamés des révolutions
Pantelants sous mon œil lèchent mes mains sauvages.