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XXIV
Il se tut, je pleurais et nous nous embrassâmes.
Une même souffrance étreignait nos deux âmes,
Mais la mienne déjà commençait à guérir.
Tandis que lui, brisé, se penchait pour mourir.
Je n’osai pas chercher par des paroles vaines,
À verser de l’espoir le baume dans ses veines.
Il est de ces douleurs qu’on ne console pas,
Et qui n’ont que la mort pour refuge ici-bas.
XXV
Nous partîmes tous deux le lendemain pour Vienne.
De cette capitale, autant qu’il m’en souvienne,
Il porta sa douleur qui le suivait partout,
Jusqu’au Sâhra brûlant qui mène à Tombouctou.
Je ne l’ai plus revu. — Le cœur de son cadavre,
Au pays de la mort aura trouvé son havre,
Il aura déposé dans ses bras attendus
Son grand cœur solitaire et ses vingt ans perdus.