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Page:Eiffel - Tour en fer de 300 mètres de hauteur destinée à l'Exposition de 1889, 1885.djvu/12

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Une pyramide analogue, de 300 mètres de hauteur, ne pourrait coûter moins de 16 000 000 de francs, y compris les fondations, et ce ne serait encore en somme qu’une sorte de haute cheminée, sans aucune ornementation.

Le fer ou l’acier semblent donc la seule matière susceptible d’être employée pour une tour de cette hauteur.

M. Eiffel justifie l’utilité de cette tour, non seulement en rappelant la faveur du public pour les ascensions du ballon captif Giffard, mais encore en signalant toutes les applications scientifiques qu’elle peut recevoir, et il cite, à ce sujet, l’opinion de M. Hervé-Mangon et de M. l’amiral Mouchez, au point de vue spécial de la météorologie ; de M. P. Puiseux, au point de vue de l’astronomie physique et de la spectroscopie, et de M. le colonel Perrier, pour la télégraphie optique.

Ces applications sont ainsi résumées par ce dernier :

Astronomie. — Loi des réfractions, spectroscopie, raies telluriques.

Chimie végétale. — La végétation à 300 mètres, composition de l’air, acide carbonique.

Physique. — Déviation d’un corps qui tombe, électricité atmosphérique. Expérience de Foucault.

Guerre. — Télégraphie optique.

Ces savants attachent un très grand prix à la réalisation de cette tour en fer et insistent sur les inconvénients d’une tour en maçonnerie, dont la masse, par suite de l’impossibilité où elle serait de se mettre en équilibre de température avec l’atmosphère, rendrait toute observation impossible.

M. Eiffel résume sa communication comme il suit :

La possibilité d’exécution, avec l’emploi du métal, ne peut faire l’objet d’un doute sérieux. Les grands progrès réalisés dans les constructions métalliques assurent la réussite.

Le prix de 3 155 000 francs peut être considéré comme ne donnant place à aucun aléa et n’est pas disproportionné avec les services que l’on peut attendre de la tour.

Cette tour serait une des grandes attractions de l’Exposition et resterait ensuite un des monuments les plus intéressants de Paris.

Enfin, elle peut sembler digne de personnifier l’art de l’ingénieur moderne et le siècle d’industrie et de science, dont les voies ont été préparées par la révolution de 1789, à laquelle ce monument serait élevé comme un témoignage de la reconnaissance de la France.

M. le Président remercie M. Eiffel de sa communication si intéressante, qui sera d’ailleurs insérée dans le Bulletin et contiendra alors les détails de calcul que M. Eiffel a dû supprimer aujourd’hui dans son exposé.