de l’union des peuples, à une époque où l’on faisait preuve, dans son pays, du chauvinisme le plus ridicule (il a eu quelque courage à le faire), le Volapük ne lui a plus suffi dès qu’il a eu remarqué qu’il n’avait été que l’avant-coureur nécessaire de la lingvo internacia. Pour lui, Schleyer n’avait fait qu’ébaucher l’œuvre, et c’est le docteur Esperanto qui l’a achevée. Je crois, en effet, qu’Esperanto est bien le Messie qui doit délivrer les peuples des difficultés de langage et amener ainsi leur union spirituelle. Il faudra bien, tôt ou tard, que les volapükistes eux-mêmes le reconnaissent, et j’attends avec une certaine impatience le résultat de ce fameux Congrès qu’ils doivent tenir pendant l’Exposition : ce sera, sans doute, la répétition de la confusion qui s’est produite dans l’Antiquité, sur l’Euphrate, à la construction de la tour de Babel ! Du reste, le trouble que M. Einstein a apporté dans le camp volapükiste, est déjà si grand, que bon nombre de ses adeptes ont déserté pour passer à la Lingvo internacia ! J’espère bien amener le même résultat en France lorsque la langue d’Esperanto sera connue, et, confiant dans le bon sens de mes compatriotes, je n’ai aucun doute sur le choix qu’ils feront alors : entre le système très imparfait de l’abbé allemand et celui remarquablement supérieur du médecin russe.
L’American Philosophical Society a été la première société savante qui ait combattu l’épidémie volapükiste, et un de ses membres les plus autorisés, M. Henri Philipps, a déclaré que la Lingvo d’Esperanto était le meilleur système de langue universelle qui ait été créé jusqu’à présent, le plus simple et le plus rationnel. « Il est établi, dit-il, d’après les meilleurs principes ; ses mots n’ont pas été formés selon le bon plaisir de l’auteur (comme en Volapük) mais empruntés soit au français, à l’anglais, à l’allemand et aussi au latin. Le docteur Esperanto s’est sagement abstenu d’altérer les mots qui se ressemblent dans toutes les langues.