Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/104

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interrogaient à la fois, chacune pour son compte.

De son bord Chiron expliqua :

— Les gars arrivent derrière ; sauf Perchais et Coët qu’étaient ben dans l’large quand s’a levé la brume.

La Perchais lâcha la corde en soufflant, fâchée de sonner pour Urbain Coët, en même temps que pour son mari, et la jeune femme de Charrier empoigna résolument la corde. Le glas continua en mineur, dans le silence.

Maintenant des cornes répondaient dans le lointain, d’on ne savait où, — était-ce de l’eau ? de la terre ? du ciel ? — la vue se perdait à dix mètres. Les beuglements sourds du troupeau qui cherchait l’étable se croisaient et sourdaient tellement à perte d’ouïe, dans l’harmonie du calme, que les éclats tumultueux de la cloche semblaient inconvenants. Des fantômes de barques, qui vivaient par le bruit, rentraient au port successivement.

Les femmes au cœur content remontaient au village en bavardant le long de la jetée déroulée magiquement sous leurs pieds à mesure qu’elles avançaient. La Marie-Jeanne était allée conduire ses enfants à la maison, parce que l’humidité imprégnait leur camisole et qu’il ne fallait pas qu’ils aient froid. En revenant, elle fit une prière à la croix plantée dans la cour d’Izacar. Quelque chose se désespérait en elle bien qu’elle sût