Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/114

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le Dépit des Envieux s’était mis au plein dans le brouillard de la nuit et que tout l’équipage était noyé. Elle semblait ne pas comprendre davantage et répétait :

— Noyé ?… Léon… noyé ?…

— Il ce paraît !

— Léon noyé ! Ah ! ah ! ah !

Et hurlant de douleur elle sauta chez elle, s’enfonça dans un coin et sanglota éperdûment :

— Je suis enceinte ! je suis enceinte !…

François regardait à la porte. Le vieux Piron avait grogné sur son tas de varech. À demi levé, il jura, écouta, et saisissant soudain, tomba sur sa fille à coups de pieds qui lui firent se tenir le ventre à deux mains pour le garer, tandis qu’elle se coulait sous la table en gémissant. Le vieux cogna jusqu’à ce qu’elle ne remuât plus, ne soufflât plus, morte semblait-il ; puis il sortit, congestionné, en grondant :

— La garce ! la garce ! et descendit au port avec François Goustan.

Devant l’auberge à Zacharie ils croisèrent des hommes qui portaient le corps de Coët et celui de la Marie-Jeanne, toujours évanouie. Déjà des barques s’éloignaient en tanguant sur la mer vert bouteille, lamée d’argent. Le père Piron hocha la tête et entra au XXe Siècle, boire la goutte pour se remettre.