Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/136

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forcé vers le large, éblouis, puis aveuglés chaque fois que jaillissait le rayon du phare.

Pour la seconde fois la sirène meugla dans la nuit, plus près et plus longtemps. Sémelin désigna du bras le point d’où partait cet appel et murmura :

— Deux fois treize, un vendredi…

Le vent apportait les coups rythmiques d’une machine par-dessus le gargouillis des flots dans les roches. Jean-Baptiste jeta brusquement :

— Là ! un feu rouge !

La sirène le coupa d’un hurlement désespéré, long jusqu’à l’essoufflement et sinistre dans cette obscurité sans étoile et sans lune, qui décuplait le danger. Cramponnés au parapet, les gardiens tendaient leurs sens vers le gouffre où des hommes criaient. Le foyer du phare fit un tour méthodiquement, et une gerbe de flamme apparut sur la mer où roula, un instant après, une explosion sourde. Puis de nouveau la nuit profonde, ensevelissante.

— Il coule ! il coule ! aux fanaux, p’tit gars !

Jean-Baptiste et le vieux dégringolèrent l’escalier de fonte et, quelques instants plus tard, ils couraient sur l’îlot avec une lanterne qui éclairait un rond de terrain autour de leurs sabots.

— Va chercher Gaud, dit Sémelin, il s’ra pas d’trop. Moi je vas vers Les Chevaux.