Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/178

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Les chardons se froissaient bruyamment sous ses pas. Il profita du tumulte des vagues pour courir, chopant rudement sur les pierres invisibles. Il ne sentait ni le mal, ni le froid de la sueur évaporée de son front.

Brusquement, un coup de vent passa lourd et sifflant. Gaud pensa qu’ils devaient être à l’abri de la côte est et gagna la falaise. Il ne distinguait pas le vide et ne savait où poser le pied. Soudain, croyant apercevoir deux ombres, il se jeta vers elles. Un caillou déboula pesamment, tomba dans l’eau, tandis que l’homme s’agrippait au roc pour ne pas le suivre.

Au moment où il se redressait, une seconde rafale s’abattit sur l’île, si violente qu’il chancela et entendit siffler l’étai du mât. Déjà la mer soulevée déferle, car son bruit de chaudière commence.

Où sont-ils ?… Gaud est debout sur la crête de l’île, indécis, affolé. La grande lueur du phare tourne à trente mètres au-dessus de lui, et il la suit des yeux pour fouiller la terre. Mais il ne voit plus que la mer toute blanche et monstrueuse.

D’instant en instant, le vent force. Des paquets d’embrun tombent sur l’homme. Le sol frémit. C’est la tempête, accourue du fond des solitudes, qui gonfle l’océan et l’emporte dans sa course dévastatrice au delà des bornes des continents.