Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/185

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des femmes qui chantent avec leur gorge magnifique, reprit :

L’premier partit-z-au Congo,
Pour l’amour d’une belle,
Mais dans un grain tombe à l’eau,
Adieu l’bateau !


Jean-Baptiste la regarda qui venait sur la sente, toute rieuse.

— T’as l’cœur gai, à matin, p’ tit gars !

— Pasque j’ t’espérais…

— Brigand !

Et tout à coup elle se récria devant le champ de gibier, Jean-Baptiste en avait déjà trié de gros tas par espèces, mais tant gisaient encore, qu’on en écrasait sous le sabot malgré soi. Ils parlèrent de bernaches et de pluviers en se mirant dans leurs yeux. La brise frétillait dans le cotillon de la Gaude. Jean-Baptiste riait en montrant les dents.

Ils ramassèrent les bêtes ensemble. Les seins de la Gaude pesaient au caraco en le gonflant davantage quand elle se penchait vers le sol, sa large croupe élargie dans une ampleur bestiale. Les mains caleuses du gars cherchaient les mains rudes de la femme. Et c’étaient des attouchements coriaces mais satisfaisants, tandis qu’ils se lutinaient en paroles.

Des sloops sortaient de l’Herbaudière sur la mer