Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/194

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lui, larde son dos sauvagement, quand un dernier ressaut de sa victime le culbute à son tour.

La Gaude vient au blessé qui râle, le nez dans le sable ; mais son homme lui coupe la route, la face hagarde, écumant. D’une gifle qu’elle ne peut éviter, il lui claque le torse en rugissant :

— Chez nous ! chez nous ! sacrée putain !

Alors elle escalade la côte, épouvantée, toujours nue, poursuivie par l’homme qui jure, menace, s’emportant les pieds aux cailloux, les jambes aux chardons, galopant vers le phare dont elle ébranle la porte. Mais Sémelin, qui a vu accourir la femelle impudique et folle, s’est barricadé.

— Le diable la tient ! pense-t-il.

Et la Gaude repart en plein soleil, par la côte ouest, les cheveux croulant de sa résille, tandis que Gaud, à bout de souffle, s’arrête et la chasse à coups de pierres comme une chienne en rut.

Jean-Baptiste a expiré, à plat ventre sur la grève. Ses deux mains écartées ont fouillé convulsivement le sable dont elles étreignent une poignée. La plage est ravagée, tachée de noir, de sang déjà bu. La mer ondule joliment sur les coquillages qui bruissent. La chemise de la Gaude est très blanche dans l’ombre qui gagne. Un lapin sort des roches et flaire, le nez palpitant.

D’une fenêtre de la tour, Sémelin entend hur-