nesse de vingt ans, et t’as des malices qu’on n’attend point sous ton mirouère… O ma belle, ma belle douce… ma belle… !
Il y a des calmes solennels où cette voix doit porter jusqu’au ciel. L’eau est sonore comme une table d’harmonie, et la terre gonfle le verbe de ses échos. Vautré dans le sable de la plage, P’tit Pierre écoute, et il ne sait pas pourquoi il a envie de pleurer.
Brusquement l’exaltation de Tonnerre s’abat. Sombre et muet il sort de l’eau et tout trempé, va droit au XXe Siècle où il commande :
— La goutte !
Et en rentrant chez lui, il danse sur la route.
Les jours de gros temps, Tonnerre est excité comme un cheval d’arme par la bataille. Il descend au port en grommelant des choses à peu près inintelligibles :
— Oui, oui, j’ t’entends… gare à toi, t’as réveillé l’Tonnerre… Vieille garce ! vieille garce !… Oui, oui, avec mes bras… Ah ! ah ! la coquine !… Avec mes bras… !
Les gamins l’escortent en riant, en criant, à distance tout de même, car ils ont peur. Il les ignore. Il ne voit plus, devant lui, que la mer blanchie d’écume qui s’écrase en tonnant sur la jetée. Elle tremble sous les coups, ruisselle avec un bruit de cascade et pas un homme ne s’y aventurerait.