de rhum et de Clémotte qui fumait des cigarettes.
Ils ne jouaient pas aux cartes et ne buvaient guère. Clémotte se plaignait de rhumatismes qui nouaient plus étroitement ses articulations et l’obligeait à se traîner sur deux cannes, comme à quatre pattes. Hourtin, toujours solide, redisait inépuisablement ses voyages.
Alors s’évoquent les longs cours où cent jours à la suite, les grands navires, couverts de toile, charruent les océans de toute la force de leur masse ; la vie de bord, parfois monotone jusqu’à la somnolence, parfois surmenée jusqu’à l’épuisement ; les nuits paisibles où, dans le murmure du sillage, le bateau court vers les étoiles ; les nuits de tempête qui font geindre les mâtures ainsi qu’un homme qui lutte. Et puis c’est la mer d’acier des tropiques, plate et chauffée à blanc ; la mer hypocrite d’Océanie, riche du reflet de ses fonds ; la mer battue des caps du monde, hantée par les pétrels ; la vaste mer du large, d’un vert dru, qui roule indéfiniment ses longues houles d’un rythme égal, soumis aux vents.
Tout cela s’élève en mirage des récits du gabier, domine les incidents auxquels il s’attache : pêche aux requins, aux malamoques goulus que l’on prend à la ligne ; rafle de saumons dans les estuaires d’Amérique ; capture de poissons étranges, coffres,