Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/294

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Elle remplissait l’espace jusqu’au ciel et pénétrait dans la terre. Les reflets de ses vagues étaient comme des yeux troubles, attirants, et tout le long du bord son petit chant roulait dans les galets ainsi qu’une vieille romance. Bernard la regarda sans haine et abandonna sa douleur dans la chanson. La mer était nue, souveraine, câline.

Bernard était résigné, sans révolte. Il pliait sous le coup, sans phrase contre la gueuse. N’est-elle pas là pour l’éternité, et ne lui faudra-t-il pas toujours des hommes, comme à la vie ? Il incriminait plutôt la chance et Dieu, et il avait peur quand il songeait à sa femme ignorante encore.

À la Marine P’tit Pierre reçut des renseignements. Comme on avait espéré renflouer immédiatement le sous-marin et sauver l’équipage, on n’avait pas prévenu plus tôt les familles des victimes. Mais tous les efforts demeuraient vains. L’état de la mer ne permettait pas de mailler toutes les chaînes de relevage. Peut-être les hommes vivaient-ils encore ? Peut-être avaient-ils été noyés par le remplissage du navire ? On ne savait pas.

Ému quand il songeait à Florent, P’tit Pierre s’intéressait à la catastrophe. La navigation sous-marine, l’abordage, les manœuvres de sauvetage sollicitaient son imagination. Il marcha vite au retour en construisant des hypothèses.

En haut du village il rencontra son père qui