Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/300

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— C’est pour que tu m’oublies point, dit-elle.

— T’es bête, pour huit jours !

— Sait-on jamais ! soupira-t-elle.

On s’embrassa. Perchais, gêné, sortit sur la route, et tout le monde le suivit.

Personne sur la jetée ; pas de barques au port. Seul, le ravitailleur du Pilier qui démarre. Le temps était gris, et la mer, lourde, plus lumineuse que le ciel. Izacar visitait ses viviers et jetait les crabes morts qui grossissaient à mesure de leur chute dans l’eau claire.

À bord du Laissez-les dire, P’tit Pierre se retrouva soudain. Il empoigna la gaffe, déborda le sloop et envoya le foc, tandis que la mère criait de la cale :

— Et pis ramène Florent !

— Sois tranquille, fit Bernard, il le ramènera…

La barque s’engagea dans le chenal de terre, entre les roches du Martroger. P’tit Pierre établit la trinquette, étarqua la grand’voile avec le matelot et para le flèche. La mer s’étalait comme un tapis, transparente. Des mouettes planaient, puis se laissaient tomber à l’eau, comme des balles pour pêcher. Au bout de la jetée, Cécile agitait son mouchoir sans discontinuer.