Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/36

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— J’ai trouvé un nom pour not’bateau, redit Urbain.

Léon leva sa tête régulière et fine où ses yeux verts, sous leurs cils très longs, avaient l’attirance mystérieuse des étangs plats sous les ombrages. Accroupi sur ses talons, Urbain traçait déjà des lettres.

Au bout du terrain enclos de grillage bas, des mouches dansaient autour de carapaces roses et d’une peau de lapin séchant au bout d’un pieu. Par delà on apercevait la maison à un étage de Viel qui possède deux barques et du bien en terre ; des meules de fourrage, caparaçonnées contre le vent de foin tressé ; et enfin le marais avec ses moulins, ses cônes de sel, et des femmes fouillant la terre ici et là. Car dans l’île les femmes surtout vont aux champs où elles remuent la glèbe clémente, leur jupon court troussé aux jambes en manière de culotte ; l’homme a la mer dangereuse.

Urbain se redressa et dit :

— Voilà !

La Marie-Jeanne et Léon s’approchèrent et considérèrent la planche où était peint en belles lettres droites — car les marins savent tout faire : — Le Dépit des Envieux.

— C’est le nom, dit-il.

Ils se regardèrent tous les trois en souriant, sa-