Page:Elder - Le Peuple de la mer.djvu/83

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brouillée d’azur ; la mer vert émeraude, hachée de traits d’écume.

En tête on reconnaît les deux hautes silhouettes du Mab et de l’Elga. Successivement les bateaux de plaisance partent en séries distinguées par un guidon qui bat à leur grand’voile. Des barques à moteur jouent sur rade ou suivent les petits régatiers qui fuient la côte, comme des mouches d’eau légères et imprudentes.

Maintenant les rudes chaloupes restent seules, mouillées en rang par le travers. Les Sablais sont en avant et derrière eux s’alignent les Noirmoutrains avec la coque blanche du Laissez-les dire en tête de file. Depuis le matin, Perchais monte la garde à son bord pour empêcher son concurrent de lui voler sa place. Puis viennent Le Secours de ma vie avec sa large ceinture d’ocre rouge, le Bon Pasteur noir et blanc, L’Aimable Clara vert et rouge où Double Nerf mène un chœur de forcenés ; puis le Dépit des Envieux, calme dans sa robe bleue pâle rehaussée d’outre-mer ; puis les coques grises du Brin d’Amour, du Bec salé et d’autres, L’Espoir en Dieu, le Vas-y-j’en viens, l’Étendard du Christ, et d’autres encore aux couleurs vives, luisant sous l’arrosage des vagues qui les roulent en raidissant leurs amarres tirées brusquement de l’eau avec un bruit strident d’aspiration.

Les mâtures oscillent avec ensemble. Les hommes