se préparaient en fredonnant à la quitter. Captifs et gardés à vue à l’Hôtel-Dieu de Bordeaux, le lendemain devait éclairer leur triomphe ; le lendemain ils montaient à l’échafaud.
Le Superbe résolut de les sauver ; ils devaient l’être. Il communique son projet à plusieurs jeunes gens intrépides comme lui, ou du moins sur qui rejaillissaient quelques reflets de sa propre intrépidité. L’on discute, l’on s’entend. Il fallait le mot d’ordre pour pénétrer à l’Hôtel-Dieu. Un individu le possède ; on l’invite à souper ; on le fait boire ; son secret lui est arraché ; c’est le mot victoire. Des habits de gardes nationaux sont indispensables ; comment se les procurer ? On court au théâtre ; la directrice, madame Latapie, prête les costumes ; on les emporte chez la maîtresse du Superbe ; les jeunes conjurés s’y travestissent ; on part, on arrive ; le cri d’usage qui vive ! est prononcé par les gardes républicaines : on leur répond par le mot victoire ! et, baïonnette au bout du fusil, les jeunes victimes sont enlevées.
Les faux gardes nationaux, comme on le pense bien, n’avaient eux-mêmes d’autre parti à prendre que celui de la fuite ; mais deux d’entr’eux, le Superbe et un autre, arrêtés à Saintes, furent