Page:Eliot - Daniel Deronda vol 1&2.pdf/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XVIII


La maison de madame Meyrick n’était pas bruyante. Le parloir de face donnait sur la rivière, celui de gauche sur des jardins ; de sorte que, lorsqu’elle faisait la lecture à haute voix à ses filles, on pouvait laisser la fenêtre ouverte pour rafraîchir les deux petites pièces où brûlaient une lampe et deux bougies. Ces dernières étaient sur une table à part, pour Kate, qui dessinait des illustrations pour un éditeur ; la lampe n’éclairait pas seulement la lectrice, mais aussi Amy et Mab, qui brodaient des coussins en satin pour le grand monde.

Extérieurement, la maison paraissait étroite et mal bâtie. Le jour y entrait, à travers des persiennes, par une fenêtre à l’ancienne mode ; mais dans notre Londres brumeux, on voit bien des maisons d’aspect renfrogné, qui ont été et sont encore des abris exempts de vulgarité, et la pauvreté, dédaignant les grandes ostentations du monde, n’y connaît ni les rivalités, ni les vains efforts pour arriver à la fortune. La demeure des Meyrick était de cette sorte ; elles y étaient attachées parce qu’elle renfermait des objets