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rowpoint ; quant à demander à sa mère d’accepter avec elle l’humiliation d’être soutenue par Catherine, mille fois plutôt être gouvernante ! Car, en supposant que le résultat de ses études fût aussi nul que l’avait clairement donné à entendre Klesmer, le sentiment de faveurs reçues et non rendues serait pour elle un désappointement plein d’amertume. Elle avait conçu une espérance trompeuse, et maintenant tout était fini.

— Fini ! s’écria-t-elle, en sautant de sa chaise lorsqu’elle entendit la voix de sa mère et de ses sœurs revenues de l’église.

— Eh bien, mon trésor, dit en entrant madame Davilow, je vois par les traces des roues que Klesmer est venu. Es-tu satisfaite de cette entrevue ?

— Satisfaite, maman ? Oh, oui ! s’écria durement Gwendolen, qu’il faut excuser, car elle craignait une scène d’émotion. Si elle ne feignait pas résolument l’indifférence, elle sentait qu’elle tomberait dans un accès de désespoir qui désolerait bien plus sa mère que tous ses malheurs.

— Ton oncle et ta tante ont été désappointés de ne pas te voir, dit madame Davilow en épiant tous les mouvements de sa fille, qui arrangeait sa musique sur le piano. Je leur ai dit que tu avais besoin de repos.

— Vous avez bien fait, maman.

— Puis-je savoir ce qui s’est passé, Gwen ? Dois-je toujours demeurer dans l’ignorance ? dit madame Davilow, trop habituée aux manières et à l’expression du visage de sa fille, pour ne pas craindre qu’il lui fût arrivé quelque chose de pénible.

— Je n’ai réellement rien à vous dire, maman, répondit Gwendolen d’un ton plus bref encore. J’avais une idée erronée sur ce que je pouvais faire. M. Klesmer m’a détrompée, voilà tout.

— Ne me regarde pas et ne me parle pas ainsi, mon