Page:Eliot - Daniel Deronda vol 1&2.pdf/307

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous me direz aujourd’hui le jour prochain qui nous rapprochera davantage.

 » Votre bien dévoué,
 » H. M.-Grandcourt ».

Le chèque était de cinq cents livres, et Gwendolen le remit à sa mère avec la lettre.

— Que c’est bon et délicat ! dit madame Davilow avec émotion ; mais, réellement, je préférerais n’être pas dans la dépendance d’un gendre. Les enfants et moi, nous pourrions très bien partir d’ici.

— Maman, si vous répétez cela, je ne me marie pas ! s’écria Gwendolen avec colère.

— Ma chère enfant, j’espère que tu ne te maries pas seulement par considération pour moi, dit madame Davilow d’un ton suppliant.

Gwendolen se laissa retomber sur son oreiller sans mettre la bague à son doigt. Elle était irritée de cette tentative de sa mère, de supprimer un des motifs qui l’avaient fait accepter Grandcourt.

Peut-être aussi l’idée que son mariage ne se ferait pas seulement par considération pour sa mère doublait-elle son irritation ! Cependant à la vue de ces preuves d’engagements irrévocables, les rêves, les alarmes et les arguments de la nuit s’affaiblirent considérablement.

— Ce que je désire avant tout, ma chérie, continua madame Davilow, c’est ton bonheur. Je ne dirai plus rien qui puisse te contrarier. Ne veux-tu pas mettre la bague ?

— Je croyais que c’était le prétendu qui passait lui-même l’anneau au doigt de sa fiancée, dit Gwendolen devenue gaie, en faisant glisser sa bague dans son annulaire avec un gracieux mouvement de tête. Je sais bien pourquoi il me l’a envoyée, ajouta-t-elle en regardant sa mère.

— Pourquoi ?