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XXXI


Le jour où Gwendolen Harleth fut mariée et devint madame Grandcourt, la matinée était superbe ; mais malgré le soleil, une légère gelée crispait les feuilles des arbres. La noce et son cortège méritaient d’être vus ; aussi la bonne moitié de Pennicote vint-elle faire la haie sur le chemin qui conduisait à l’église pour jouir du coup d’œil. Un vieil ami du recteur accomplit la cérémonie religieuse, M. Gascoigne n’ayant pu le faire puisqu’il remplaçait le père de sa nièce. Deux visages seulement, on le remarqua, offraient des signes de tristesse : celui de madame Davilow et celui d’Anna. Les yeux de la mère étaient rouges comme si elle avait passé la moitié de la nuit à pleurer ; personne ne fut surpris, quelque inespéré que fût ce mariage, qu’elle ressentît une peine cuisante à l’idée de se séparer d’une fille qui était la fleur de ses enfants et la lumière de sa vie. On comprenait moins la mélancolie d’Anna, si bien attifée dans sa jolie toilette de demoiselle d’honneur de la mariée. Tous les autres semblaient refléter la pompe de l’occasion, la fiancée surtout. On s’accordait à dire que, quant à la tournure et à la