Page:Eliot - Daniel Deronda vol 1&2.pdf/393

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’acheter que d’emprunter. Je pense qu’à l’occasion, vous faites ce genre d’affaires.

— Oui, monsieur ; j’ai déjà rendu service à des hommes distingués, je suis fier de l’avouer. Je ne changerais pas mon commerce contre tout autre ; il n’en est pas de plus honorable, de plus charitable, ni de plus nécessaire pour toutes les classes de la société, depuis la bonne dame qui a besoin d’argent comptant pour payer le boulanger jusqu’au gentleman, comme vous, monsieur, qui peut en désirer pour s’amuser. J’aime mon commerce, j’aime ma rue et j’aime ma boutique. Je ne changerais pas avec le lord maire. On est en rapport avec tout le monde. Maintenant, monsieur, dites-moi ce que je puis faire pour vous.

— J’ai une belle bague en diamants à vous offrir comme garantie ; malheureusement, je ne l’ai pas sur moi en ce moment, car je ne la porte pas d’habitude. Mais je puis revenir ce soir pour vous la montrer. Cinquante livres me suffiront.

— Vous savez, jeune homme, objecta Cohen, que notre sabbat commence ce soir et qu’il faut que j’aille à la schule[1]. La boutique sera fermée. Néanmoins, comme l’accommodement est une œuvre de charité, si vous ne pouvez revenir plus tôt et que vous soyez pressé d’en finir, eh bien, je verrai votre diamant. Vous habitez peut-être le West-End ? Il y a loin.

— Oui, et votre sabbat commence de bonne heure en cette saison. Je ne pourrai être ici que vers cinq heures. Cela vous convient-il ?

Deronda n’était pas sans espoir qu’en demandant à venir un vendredi soir, il aurait une meilleure occasion d’observer les caractères de la famille, afin de pouvoir prendre une résolution définitive. Cohen consentit ; mais le merveilleux

  1. Synagogue.