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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/102

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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

dans la fenêtre cintrée, avaient l’air en aussi bon état qu’elle pouvait le désirer ; son beau portrait, peint lorsqu’elle avait vingt ans de moins, lui souriait d’un air flatteur ; et en tout point elle paraissait être dans une position aussi paisible et agréable que peut la souhaiter une dame âgée et d’humeur facile. Mais ici, comme dans beaucoup de cas, les apparences étaient trompeuses. Son esprit était troublé et son humeur irritée par le fait qu’il était cinq heures un quart, même à la pendule qui retardait, qu’il était cinq heures et demie à sa grosse montre d’or, qu’elle tenait à la main, comme si elle comptait les pulsations, et qu’à la pendule de la cuisine, qui n’avançait certainement pas d’une heure, il avait déjà sonné six heures. Le cours du temps était rendu encore plus insupportable pour Mme Jérôme par son étonnement de ce que M. Jérôme pût rester au jardin en compagnie de Lizzie, avec cette indifférence, se préoccupant si peu de ce que l’heure du thé était passée depuis longtemps, et de ce qu’après toute la peine qu’elle avait prise de sortir son joli service, M. Tryan n’arrivait pas.

On faisait cet honneur à M. Tryan, non point que Mme Jérôme appréciât beaucoup ses opinions ou son activité comme pasteur, mais simplement parce que c’était « un ministre de l’Église établie » et que, comme tel, elle le regardait avec la même espèce de respect qu’une femme blanche, mariée à un naturel des îles de la Société,