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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/117

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LA CONVERSION DE JEANNE

Mme Jérôme avait été effrayée à la mention d’une manifestation, et son respect rétrospectif pour la communion religieuse de sa jeunesse n’allait point jusqu’à l’acceptation du martyre. Son mari la regarda d’un air peiné de tendresse et de reproche, qui pourrait rappeler l’expression du patriarche dans l’occasion mémorable où il gronda sa femme.

« Suzanne, Suzanne, je vous prie de ne pas me contrarier, et de ne pas mettre des pierres d’achoppement dans la route de ce qui est juste. Je consentirai à renoncer à tout, sauf à ma conscience.

— Peut-être, dit M. Tryan, se sentant un peu mal à l’aise, puisque vous n’êtes pas très fort, mon cher monsieur, il sera mieux, comme dit Mme Jérôme, que vous ne couriez pas le risque de vous agiter.

— Ne dites rien de plus, monsieur Tryan. Je vous soutiendrai, monsieur : c’est mon devoir. C’est la cause de Dieu, monsieur, c’est la cause de Dieu. »

M. Tryan obéit à son premier mouvement d’admiration et de reconnaissance, et tendit la main au vieillard à cheveux blancs, en disant : « Je vous remercie, monsieur Jérôme, je vous remercie. »

M. Jérôme serra en silence la main qui lui était offerte, puis se renversa dans son fauteuil, en jetant sur sa femme un regard de regret, qui