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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/12

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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

endosser l’habit du crieur, vert d’un côté et rouge de l’autre. Vous avez été entendre Tryan prêcher à la commune de Paddiford… vous savez.

— Certainement, et j’y ai entendu un fameux sermon. C’est dommage que vous n’y fussiez pas. Il s’adressait aux simples d’esprit.

— Non, vous ne m’y attraperez jamais, répliqua M. Tomlinson, sans être piqué le moins du monde ; il prêche sans cahier, dit-on, justement comme un dissident. Ce doit être un singulier papotage.

— Ce n’est pas là le pire, dit M. Dempster, il prêche contre les bonnes œuvres ; il dit que les bonnes œuvres ne sont pas nécessaires au salut ; c’est une doctrine sectaire, antinomiène, anabaptiste. Dites à un homme qu’il n’est pas sauvé par ses œuvres, et vous ouvrez les écluses à toute espèce d’immoralité. Vous voyez cela chez tous ces innovateurs au beau langage ; ils sont tous les mêmes, quant à la ruse ; des individus à l’air de douceur, à la parole traînante et hypocrite, qui prétendent que leur bouche ne trouve pas le gingembre chaud, et qui décrient toute espèce de plaisirs innocents : leurs cœurs sont d’autant plus noirs qu’ils ont l’extérieur plus saint. N’avons-nous pas été mis en garde contre ceux qui nettoient l’extérieur de la coupe et du plat ? Voilà, par exemple, ce Tryan, qui va çà et là prier avec de vieilles femmes, et chanter avec des enfants de charité ; sur quoi a-t-il l’œil fixé,