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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/138

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SCÈNES DE LA VIE DU CLERGÉ

l’école du dimanche, visitant les pauvres gens, et s’efforçant de suivre un modèle de pureté et de bonté, avait sûrement plus d’amabilité morale qu’à l’époque de toilette prétentieuse où elle ne portait d’autres costumes que ceux des héroïnes du cabinet littéraire… Miss Élisa Pratt, écoutant dans un ravissement attentif la méditation du soir de M. Tryan, trouvait certainement des portes ouvertes à sa vanité et à sa personnalité ; mais elle était avancée moralement, comparée à miss Phipps assoupie sous ses plumes par l’élocution du vieux M. Crewe. Et même des personnes âgées, dont l’esprit, tel que celui de Mme Linnet, était trop épais pour recevoir beaucoup de dogmatique, avaient leurs cœurs mieux disposés en faveur du nouveau prédicateur, qu’ils regardaient comme un envoyé de Dieu. Ils avaient honte de leur mauvaise humeur, de leur mondanité, de leur passé trivial ou futile. La première condition de la bonté humaine est d’avoir quelqu’un à aimer ; la seconde, quelque chose à respecter. Et ce dernier don fut apporté à Milby par M. Tryan et l’Évangélisme.

Oui, le mouvement fut bon, quoiqu’il y eût ce mélange de folie et de mal qui souvent fait que ce qui est bon blesse les esprits faibles et dédaigneux, qui ont besoin que les actions et les caractères humains s’insinuent dans la sève de leurs propres idées avant de pouvoir leur accorder sympathie ou admiration. De tels es-