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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/157

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LA CONVERSION DE JEANNE

délicieux morceau de pouding. Elle resta et fut obligée d’entendre ce que disait M. Tryan. Il fut interrompu par un violent accès de toux de la malade.

« C’est bien pénible, n’est-ce pas ? dit-il quand Sally fut calmée. Cependant Dieu semble vous aider admirablement à supporter. Priez pour moi, Sally, pour que je puisse avoir aussi de la force quand viendra la grande souffrance. C’est une de mes pires faiblesses que de redouter la douleur corporelle ; et je pense que le temps n’est pas éloigné où j’aurai aussi à supporter ce que vous éprouvez. Mais je vous ai fatiguée. Nous avons assez parlé. Adieu. »

Jeanne fut surprise et oublia sa résolution de ne pas rencontrer M. Tryan ; l’accent et les paroles étaient si différents de ce qu’elle attendait. Il n’y avait rien de l’onction de satisfaction personnelle du directeur citant ou exhortant, ou expliquant pour l’avantage de l’auditeur : mais une simple demande d’aide, un aveu de faiblesse. M. Tryan avait donc ses chagrins profondément sentis ? M. Tryan aussi, comme elle-même, savait ce que c’était que de trembler d’avance pour une épreuve — de frissonner devant un fardeau plus lourd qu’on ne se sentait la force de le supporter ?

Le plus bel acte de vertu n’aurait pu attirer le bon vouloir de Jeanne en faveur de M. Tryan autant que cette communauté de souffrance, et