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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/17

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LA CONVERSION DE JEANNE

n’avait point de réverbères à gaz ; où la diligence arrivait couverte de poussière et de boue à la porte du « Lion-Rouge » ; où le vieux M. Crewe, le vicaire, en perruque brune à la Brutus, faisait le dimanche des sermons qu’on ne pouvait entendre, et, dans la semaine, communiquait une éducation de gentilhomme — c’est-à-dire une difficile et imparfaite connaissance du latin, au moyen de la grammaire Eton — à trois élèves de la classe supérieure de l’école de grammaire.

Si à cette époque vous aviez passé à Milby, dans la diligence, vous n’auriez eu aucune idée de l’importance des gens qui y demeuraient, et de celle qu’ils accordaient au rang. C’était une ville irrégulière, avec une forte odeur de tannerie dans une rue et un grand bruit de métiers dans une autre ; et même dans le centre aristocratique, la Porte-du-Moine, les maisons n’auraient point offert un caractère bien important. Vous auriez encore moins supposé que cet individu en costume de futaine et à gros favoris gris, appuyé dans la Grand’Rue contre la porte de l’épicier, n’était autre que M. Lowme, un des hommes les plus aristocratiques de Milby, que l’on disait avoir été élevé en gentilhomme et avoir participé aux joyeuses habitudes qui s’allient à cette position, en entretenant des chiens et d’autres quadrupèdes dispendieux. C’était maintenant tout à fait un vieux Lothario, réduit aux péchés les plus économiques, la principale manifestation de