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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/171

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LA CONVERSION DE JEANNE

lement occupée dans sa cuisine de ses travaux de ménage, car elle n’avait pour servante qu’une petite fille de douze ans, entendit en tremblant les portes du jardin et de la maison s’ouvrir. Elle reconnut le pas et comprit ce qui allait suivre. Elle s’empressa de sortir de la cuisine et d’aller à la rencontre de Jeanne, qu’elle trouva les yeux fatigués par une longue veille, les vêtements en désordre et le pas languissant. Point de joyeux salut matinal à sa mère, point de baisers ! Elle entra au salon, et, s’asseyant sur le sofa, elle regarda vaguement les murs et les meubles, jusqu’à ce que les coins de sa bouche commençassent à trembler et que ses yeux noirs se remplissent de larmes, qui coulèrent le long de ses joues sans qu’elle les essuyât, la mère assise en face d’elle, ayant peur de parler. Elle était sûre qu’il y avait quelque chose de nouveau, sûre qu’il y aurait bientôt un torrent de paroles.

« Mère ! pourquoi ne me parlez-vous pas ? s’écria enfin Jeanne ; vous ne vous inquiétez pas de mes souffrances ; vous me blâmez parce que je souffre, parce que je suis malheureuse.

— Mon enfant, je ne vous blâme pas : mon cœur saigne pour vous. Votre tête vous fait mal ce matin : vous avez eu une mauvaise nuit. Laissez-moi vous faire une tasse de thé. Peut-être n’avez-vous pas déjeuné.

— Oui, c’est ce que vous pensez toujours,