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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/215

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LA CONVERSION DE JEANNE

— Non, pas une paix parfaite pendant longtemps, mais de l’espoir et de la confiance, ce qui est de la force. Aucune assurance de pardon pour moi-même ne pouvait me délivrer de la douleur que j’avais en pensant à quoi j’avais pu conduire une autre personne. Mon ami me représentait habituellement que mon péché contre Dieu était plus grand que mes torts envers elle ; mais — cela provient sans doute de l’absence d’un sentiment spirituel assez profond — ce qui concerne Lucy est encore à cette heure ce qui me cause la douleur la plus amère. Je ne pouvais plus venir au secours de la pauvre enfant ; mais, par la bénédiction de Dieu, je pouvais venir en aide à d’autres âmes faibles et chancelantes ; c’est pour cela que j’entrai dans l’Église. Je ne demandais pour le reste de ma vie que de pouvoir être dévoué à l’œuvre de Dieu, sans m’en détourner pour chercher aucune espèce de plaisir, de quelque genre que ce fût. La lutte a été souvent difficile ; mais Dieu a été avec moi — et il se peut que cela ne dure pas bien longtemps. »

M. Tryan s’arrêta. Pendant un instant il avait oublié Jeanne ; pendant un instant aussi, elle avait oublié ses propres douleurs. Quand elle revint à elle, ce fut avec un nouveau sentiment.

« Ah ! quelle différence entre nos vies ! Vous avez choisi la peine et le travail, en renonçant à vous-même, et moi, égoïste, je n’ai pensé qu’à moi. Je n’étais que fâchée de ce que j’avais à