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Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/251

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LA CONVERSION DE JEANNE

voici Jeanne. Elle n’est pas morte : elle vous pardonne. »

Le délire de Dempster sembla recevoir une nouvelle impression de cet aspect. La terreur fit place à la rage.

« Ah ! vous voilà, lâche hypocrite ! s’écria-t-il d’une voix rauque, vous me menacez……, vous voulez vous venger de moi, n’est-ce pas ? Faites ! J’ai la loi pour moi……, je connais la loi…, je vous poursuivrai comme un lièvre……, prouvez-le……, prouvez que j’ai été acheté avec…… ; prouvez que j’ai pris l’argent……, prouvez-le……, vous ne pouvez rien prouver……, damnés magots, chanteurs de psaumes ! J’allumerai un feu pour vous enfumer tous…… ; je vous balayerai……, je vous broierai en poudre……, en poudre fine…… (ici sa voix baissa et prit un accent de dégoût)… de la poudre sur les draps……, elle court…… Des blattes noires……, elles viennent en essaims…… Jeanne ! venez les ôter…… Malédiction sur vous ! pourquoi ne venez-vous pas, Jeanne ? »

La pauvre Jeanne était à genoux près du lit, le visage caché dans ses mains. Elle désirait presque le retour de son moment le plus cruel plutôt que cela. Il lui semblait que son mari était déjà emprisonné dans la Géhenne et qu’elle ne pouvait l’atteindre ; que ses oreilles étaient pour toujours sourdes aux accents d’amour et de pardon. Ses péchés avaient formé une enve-