Aller au contenu

Page:Eliot - La Conversion de Jeanne.djvu/259

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
255
LA CONVERSION DE JEANNE

où les mauvaises nouvelles paraissent le plus pénibles — il la conduisit au salon, où était assise Mme Raynor, et lui dit, d’un ton de sympathie qui donnait quelquefois un air soudain de douceur à cet homme rude :

« Ma chère madame Dempster, il est convenable, dans des cas semblables à celui-ci, d’être préparé à ce qu’il y a de pire. Mon devoir est de vous empêcher d’entretenir un espoir vain, et l’état de M. Dempster est maintenant tel, que je crains que nous ne devions regarder la guérison comme impossible. L’affection du cerveau aurait pu n’être pas considérée comme incurable ; mais, voyez-vous, il y a une terrible complication ; et je suis fâché de dire que la jambe cassée perd sa vitalité. »

Jeanne l’écouta le cœur défaillant. Cet avenir d’amour et de pardon se reculait de sa vue pour toujours, là où sa pitié ne pourrait jamais l’atteindre. Elle devint toute tremblante.

« Pensez-vous qu’il doive mourir, dit-elle, sans reprendre connaissance, sans jamais me reconnaître ?

— On ne peut rien dire avec certitude. Il n’est pas impossible que la congestion cérébrale diminue et qu’il reprenne quelque connaissance S’il est quelque chose que vous désiriez qui soit fait dans ce cas, il serait bien d’y être préparée. Je pense, continua M. Pilgrim en se tournant vers Mme Raynor, que les affaires